JEUDI SAINT 2019
Parole de Dieu : Exode 12, 1-8.11-14; 1 Corinthiens 11, 23-26; Jean 13, 1-15
Au cours de la belle célébration du Jeudi saint, nous rappelons l'événement au cours duquel Jésus institua l'Eucharistie, le sacrement où il se donne en nourriture pour notre vie. En cette occasion spéciale, autour de la table dressée se fait le rassemblement de nos communautés pour un partage de nos différences, de ce qui nous unit et de ce qui nous nourrit.
L'Eucharistie, c'est tout cela et plus encore. Elle fait mémoire d'un événement dont le sens est inépuisable. Après son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus se retrouve avec ses disciples et prend avec eux un repas qu'il sait être le dernier. C'est un repas d'adieu, avec tout ce que cela comporte d'intensité et de signification. D'ailleurs, avez-vous déjà remarqué l’importance que les gens accordent aux dernières paroles, aux ultimes faits et gestes d’une personne sur le point de mourir? On s’applique avec le plus grand soin à rappeler les moindres détails de ce qu’elle a pu dire ou faire avant de quitter ce monde. Ses paroles et ses gestes revêtent pour ainsi dire beaucoup de poids et bien souvent les derniers mots révèlent ou mettent en lumière une dimension de sa vie qui lui a toujours été caractéristique. C’est ainsi que les choses se sont passées pour Jésus.
Son dernier repas a été relaté par les évangélistes Marc, Matthieu et Luc, de même que par l'apôtre Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens. C'est alors qu'il prit le pain et le vin et les donna aux disciples en leur disant qu'il s'agissait de son corps et de son sang; il leur recommanda ensuite de faire cela en mémoire de lui jusqu'à ce qu'il vienne.
Faire cela en mémoire de lui, c'est réitérer et perpétuer les gestes qui, pour lui, avaient valeur de signe. En offrant en partage à ses disciples le pain et le vin, qu'il redéfinit comme son corps et son sang, il entend faire le don de sa propre personne. C'est bien ainsi que l'a compris saint Jean, lui qui, omettant le récit de l'institution de l'Eucharistie, le remplace par le geste étonnant du lavement des pieds. Selon Jean, Jésus a voulu faire de ce geste un signe, un acte symbolique qui révélait le sens ultime de toute sa vie, une vie donnée aux autres par amour.
À l'époque de Jésus, le lavement des pieds était une action humiliante réservée aux esclaves soumis à leurs maîtres. Jésus accomplit ce geste avec beaucoup de dignité pour montrer que toute sa vie a été sous le signe du service des autres, en particulier des plus petits et des plus démunis. Ce geste en est un d'amour, car seul l'amour peut aller au-delà des apparences et répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables. Par ce geste, Jésus veut que la logique d'amour qu'il incarne se traduise chez ses disciples par un service mutuel empreint d'humilité et d'amour. Au sein de nos communautés chrétiennes, les occasions d'être au service des autres, et plus particulièrement des plus petits et des plus vulnérables, ne manquent pas. L'amour en forme de service traduit celui que le Christ nous offre en son eucharistie. Et Jésus dit : C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous. (Jn 3, 16) Une autre façon de comprendre ces mots que nous répétons à chaque eucharistie : Faites cela en mémoire de moi. (1 Co 11, 24)