4e DIMANCHE DU CARÊME « C » 2019
Parole de Dieu: Josué 5, 10-12; 2 Corinthiens 5, 17-21; Luc 15, 1-3.11-32.
La parabole du « Fils perdu et retrouvé » figure certainement parmi les plus beaux passages de l'évangile de Luc. On la connaît aussi sous le nom de parabole du « Fils prodigue », mais on pourrait tout aussi bien l'appeler la parabole du « Père prodigue », la prodigalité étant une attitude qui consiste à dépenser follement et sans compter. Le fils cadet a dépensé follement sa part d'héritage, mais le père, dans sa joie immense de retrouver son fils perdu, n'a rien ménagé et s'est montré d'une générosité sans borne.
Un enfant qui demande sa part d’héritage du vivant de son père et qui dilapide ses biens jusqu’au dernier sou en menant une vie axée sur le plaisir, mais qui s’est avérée à la longue désordonnée et ruineuse, voilà bien un fils prodigue. Un père qui est tellement heureux de voir revenir son fils qu’il pensait mort et qui lui donne vêtements de luxe, sandales, bague et festin somptueux, voilà bien un père prodigue. Ainsi, les deux ont dépensé sans compter: le fils pour jouir de la vie en toute liberté et le père pour fêter le retour tant espéré de son fils. On peut donc dire que la prodigalité du père est une expression de son amour qui accueille, pardonne et redonne vie et dignité.
Cet amour s'est pleinement révélé après que le fils cadet eut dilapidé son héritage et fut réduit à un état d’extrême pauvreté. Prenant conscience de son état pitoyable, il décide de revenir vers son père en espérant qu’il daigne l’embaucher comme simple serviteur. C’est le scénario le plus optimiste qu'il pouvait concevoir. Mais contre toute espérance, il a été accueilli par son père d’une manière inattendue. Ce dernier l’a comblé d’une façon débordante et démesurée, expression de la joie de retrouver son fils perdu et considéré comme mort.
Le fils prodigue est donc celui qui a pris ses distances par rapport à son père, profité de la vie au maximum en recherchant avant tout le plaisir, sans se soucier des conséquences fâcheuses pour le lendemain, et qui a voulu jouir jusqu’au bout de sa pleine liberté et des richesses dont il avait hérité. Mais au terme de son expérience, prenant conscience de sa déchéance et du malheur dans lequel il était plongé, il a envisagé la possibilité de retourner chez son père, où il espérait avoir au moins quelque chose à manger. Même si ses motivations n’étaient pas très nobles, il a eu le mérite de penser que son père ne le rejetterait pas. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il approcha de la maison familiale. Il ne s’attendait jamais à recevoir un accueil aussi aimant et empressé, ni à se voir combler d’une façon aussi généreuse. Il a expérimenté avec surprise toute l'étendue de l’amour de son père.
La parabole nous laisse avec un des choix les plus difficiles à faire dans la vie spirituelle : faire confiance à l’amour illimité de Dieu qui peut tout pardonner ou l'ignorer. Prendre conscience de mon éloignement, du bonheur inaccessible après lequel je cours en vain, décider de revenir vers le Père et me laisser accueillir tel que je suis, c’est croire que son amour est infiniment plus grand que toutes mes bêtises. La plus grande bêtise serait de m’y fermer. Il faut savoir accepter et profiter de la prodigalité du Père. Le cœur de Dieu est toujours ouvert pour accueillir, embrasser, pardonner. En bout de ligne, la décision me revient de revenir vers lui ou non.